“Et si ce soir, ton corps m’était conté…” dans “Atelier” de James Pubien.

Par Toussaint Jean François –

La minorité du genre, longtemps préjudiciable au roman, affecte aujourd’hui la poésie, genre considéré il y a un plus d’un siècle comme majeur par rapport au roman. Quoi qu’ancrée définitivement dans une démarche de modernité un peu comme le roman qui recourt aujourd’hui, dans bien des cas, à une phraséologie expressive, la poésie délaisse de plus en plus les sentiers battus du monde vieux et désuet des lettres modernes qui tient peu compte de l’homme contemporain et de son cheminement social.

Le discours poétique de ce début de siècle rejette de manière subtile les conventions langagières pour devenir une parole tendancielle sans maître et sans école. Dans son recueil intitulé “Atelier”, c’est cette parole expérientielle que le poète James Pubien laisse à la délectation des amateurs de la poésie dont certains en sortiront choqués et dérangés, d’autres satisfaits puisqu’elle est dépouillée de diatribes décousus et fades.

« – Césaire est mort Quelle heure est-il ? L’heure d’AIMER », « ATELIER » n’est pas un espace où tous les ornements sont rangés. Sans subterfuge l’auteur nous invite à déambuler au boulevard des bordels, respirer le parfum des jouissances précoces, puisque chez nous la luxure a l’âge d’adolescent. « Mon poème s’achève. Je doute. Et si ce soir, ton corps m’était conté… » Ici, le poète James Pubien, dépose ses bagages comme un enjambement entre la modernité et le post-modernisme dans une écriture simple et lisible, sans excès d’images ou de velléités surréalistes. « En l’an 2000, l’amour est devenu une habitude » Sommes-nous irrémédiablement condamnés à des pratiques esthétiques conservatrices ou devons-nous dégager des alternatives au paradigme postmoderne et adhérer aux idées préconisées par J. Habermas ?

James Pubien inscrit son livre dans une démarche d’émancipation très générale de la notion de modernité et d’éclatement du style, accessible à de rares écrivains dans laquelle les mots respirent à intervalles irréguliers, tout en étant épris de l’idée d’expérimenter genres et discours dans une seule et même œuvre. Atelier, cette plaquette écrit dans un français déstructuré, est un mélange divers de matériaux prosodique et prosaïque qui offre au lecteur une écriture en chantier, juste pour rappeler à celui-ci ce qu’il y a d’artisanal dans tout travail poétique. Ne serait-ce pas la construction d’un discours modernopostmoderne.


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