Un André Fouad pour une valse chaude.
Par Jean Venel Casseus –
Dans “Valse des Ombres” , la rivière Fouad chante une mélodie envoûtante. Ce recueil de poèmes nous emporte d’un rythme magique à une tonalité tonitruante, nous balançant d’un monde à l’autre dans une danse de mots et d’émotions. Ce bouquet, tantôt rose, tantôt épine, caresse de sa douceur tout en piquant de sa cruelle vérité. Sans ambages, le poète nous prévient : “Sachez que les fleurs appartiennent à ceux qui se saignent…” Ainsi, André Fouad nous enseigne que la poésie n’est pas simplement un baume, elle est également une arme, prête à être brandie tant pour attaquer que pour se défendre.
André Fouad sculpte les vers, dans son recueil, avec une intensité qui rayonne profondément les thèmes universels de l’amour, de la perte et de la révolte. À l’image des courants tumultueux de sa rivière fictive, sa poésie transporte le lecteur à travers un spectre d’émotions profondes et contradictoires qui capture la complexité tortueuse de l’Homme humain.
Sur la piste de“Valse des Ombres“ passe en filigrane un virtuose chilien de la prosodie : Pablo Neruda. Ce dernier, dont l’œuvre traverse les frontières de son propre vécu pour toucher à l’universalité, utilisait sa plume pour explorer les abysses de l’amour et de la désespérance dans des œuvres telles que Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée, mais aussi pour forger une révolte dans Canto General, où l’amour s’entrelace avec la lutte sociale, pleurant et célébrant la beauté naturelle de son pays natal.
Fouad et Neruda, bien que séparés par des milliers de kilomètres, partagent une capacité remarquable à sonder l’essence de la poésie à travers le prisme de leur culture et de leur histoire personnelle. Les deux hommes peignent avec des mots, employant des images vibrantes pour frapper les cœurs et éveiller les consciences avec des vérités parfois douloureuses. “Quand le sang chante encore des airs désuets“, Fouad se questionne : “Quelle métaphore à fignoler entre les nuits de couvre-feu ?” Comme chez Neruda, c’est l’esprit rebelle et passionné du monde qui se manifeste dans La Valse d’André, un esprit qui embrasse la liberté comme essence ultime de l’existence des terres et des âmes.
Fouad, comme Neruda, nous invite à ressentir, à lutter, et à aimer avec une intensité dévorante. Leurs œuvres, loin de servir d’échappatoire à la réalité, prennent racine au cœur même des combats les plus ardents pour la justice, l’amour, et la vérité.
Une fleur valse toujours des ombres sous le premier rayon du soleil — puissante, poignante, essentielle. Comme l’affirme Fouad, les fleurs n’appartiennent qu’à ceux qui osent se saigner, à ceux qui s’autorisent à ressentir la vie pleinement, sans retenue ni peur.
Le recueil de poèmes “Valse des Ombres” d’André Fouad mérite bien d’être valsé à dix mille temps!
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